Quatre héroïnes d'amour
Maurice Rat disparu en 1969 à l'âge de 74 ans a laissé une œuvre si foisonnante et si variée que le patronyme de ce philologue, grammairien, latiniste et helléniste distingué spécialiste de littérature antique, classique romantique et contemporaine et historien en plus, méritait amplement de passer à la postérité. Force est de constater, pourtant, qu'il n'en a rien été jusqu'à présent. mais, si cet auteur insatiable, professeur à la Sorbonne et membre de l'institut, n'a pas atteint la gloire posthume à laquelle il pouvait légitimement prétendre, la montagne des livres savants (1) qu'il aura écrits, commentés, annotés et préfacés est largement garante de sa survie littéraire… pour peu que demain il reste encore des lecteurs !
Natif de Poitiers Maurice Rat n'oubliera jamais sa province qui fut, peu ou prou, celle aussi de Rabelais, de Fromentin et de Loti et son attachement au terroir Picto-charentais à sa culture et son « parler » se révèle dans quelques ouvrages et dans maintes contributions brillantes, publiées à partir de 1949 dans les revues Pays d'Ouest et Cahiers de l'Ouest, qui lui valurent plus tard son élection à l'Académie de Saintonge dont il fut membre durant les dix dernières années de son existence.
En 1957 il publie « À La rose des vents.» un superbe livre au format grand in quarto et à couverture rempliée illustrée titré « quatre héroïnes d'amour aux pays de Poitou et de Saintonge » qui retrace les destinées singulières « d'Hélène de Surgères, la Minerve de la Cour pour laquelle soupira Ronsard », de « Suzanne de Pons », de « Françoise d'Aubigné qui fut Mme Scarron et l'amie de Ninon de Lenclos avant d'être l'épouse secrète de Louis XIV » et de « Françoise de Rochechouart, demoiselle de Tonnay-Charente, qui fut la royale Montespan »
De toutes les vies aventureuses de ce quatuor d'égéries celle de « Suzanne de Pons, la belle de Saintonge, qui faillit être Reine de Naples ». est certainement la plus captivante . De la page 43 à la page 60 l'auteur, non sans verve et talent, nous conte, avec entrain et jubilation, empruntant souvent aux chroniqueurs du passé, les péripéties amoureuses qui jalonnèrent l'existence de celle qui naquit sur les rives ombragées de la Seugne pour achever pitoyablement ses jours, sous les atours de Madame de la Gastevine,(2) « dans la solitude provinciale d'un vieux manoir, qui dressait au milieu des bois ses toits en poivrières et la tour d'un grand colombier » Entre temps l'affriolante séductrice en avait serré entre ses bras et ses cuisses bien des soupirants volages de basse extraction ou de haute lignée dont l'un Henri de Guise, qui lui avait promis beaucoup mais tenu peu, ne sut la transformer en nouvelle Pénélope.
« Les quatre héroïnes d'amour » ne sont pas, loin de là, l'œuvre d'un pisse-froid et on comprend que Louis Suire l'attachant artiste Rétais et Rochelais, bruni et poli au plein soleil et au grand vent des plages atlantiques se soit étroitement impliqué dans l'illustration et dans l'édition d'un tel texte tout à la fois érudit et espiègle. De cette complicité de gens d'esprit et de culture est né ce livre dont nous proposons un exemplaire en (très) bon état issu de l'édition originale.
Rat Maurice : Quatre héroïnes d'amour aux pays de Poitou et de Saintonge Grand in 4 carré couv rempliée ill 117 pp fraîches et belles illustrations coul rehaussées à la main par Louis Suire À la rose des vents La Rochelle 1957 1 des 220 exemplaires num sur Vélin de Voiron 75 €
Ch.C le 28 juillet 2009
(1) 3 fois lauréat de l'Académie française, Grand Prix de littérature de la Société des Gens de Lettres 1964 pour l'ensemble de son oeuvre, Maurice Rat, un des fondateurs de l'association Défense de la Langue Française (DLF) créée en 1958 , n'a guère laissé, hélas, à ses compatriotes de Vivonne, dans la Vienne, que le souvenir d'un « auteur de livres pédagogiques à succès dont Grammaire française pour tous ». Une rue homonyme lui a cependant été consacrée ainsi que dans les villes voisines de Lussac les Châteaux et de Gouex. À Poitiers, en revanche, on recherche vainement la trace d'une école, d'un collège, d' un lycée ,d' une venelle ou d'une placette à son nom à défaut d'avenue.
(2) Suzanne de Pons épouse Gastevine inspira à un certain Henri Piccardt, jeune allemand de 26 ans, hôte durant huit mois du ménage, de vifs sentiments amoureux qui le conduisirent à composer « trois mille vers un peu patauds » selon Maurice Rat. . Les Poesies françoises. Dédiées à Madame Suzanne de Pons Dame de la Gastevine Par H. Piccardt, Préf. par Raboteau, Vers latins par L. Fr. Laccenius Paris, Jacques Le Gras, 1663.
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