LES EGLISES DU RIBERACOIS
LES EGLISES DU RIBERACOIS: UNE REEDITION ATTENDUE
En 1958 l'historien et archéologue Jean Secret publiait aux éditions Fontas de Périgueux un ouvrage titré Les églises du Ribéracois. Ce livre devait être le premier d'une longue série consacrée aux monuments cultuels de la Dordogne qui, précise Gilles Delluc, son successeur à la tête de la Société Historique et Archéologique du Périgord, eût abouti
à une thèse de doctorat es-lettres si Elie Lambert ne lui avait signifié que ce domaine était une chasse gardée que se réservait ce maître de l'archéologie religieuse. Au grand regret des lecteurs , le projet, sous cette forme initiale tout au moins, se limita au seul ancien arrondissement de Ribérac. Il est vrai que l'entreprise était d'importance puisque ce travail avait mobilisé l'auteur pendant une quinzaine d'années.
L'étude, en effet, porte sur les 107 prieurés églises et chapelles des 87 communes des cantons de Montagrier, Montpon, Mussidan, Neuvic, Ribérac, Sainte Aulaye et Verteillac.
Chaque monument y fait l'objet d'une présentation claire et détaillée qui rend parfaitement lisible l'architecture sacrée, d'approche souvent difficile pourtant, en raison de restaurations et modifications successives. Bibliographie abondante, Plans orientés, photographies viennent soutenir les descriptions et font du livre une référence essentielle que les amateurs se disputaient âprement, le premier tirage ayant rapidement été épuisé, lorsque, rarement, le titre figurait aux catalogues des libraires d'ancien.
Depuis la fin décembre 2003, Les églises du Ribéracois est de nouveau disponible grâce à la volonté et aux efforts conjoints de M. Bernard Secret et de la société d'édition Lorisse qui l'a intégré dans son exceptionnelle collection Monographies des villes et villages de France.
Fac-similé de l'édition originale, l'ouvrage, sous couverture souple illustrée, est d'un format agréable(14x20). A l'instar des guides naturalistes il est, heureusement, de ceux que l'on glisse dans la poche et qui vous accompagnent dans vos excursions touristiques et culturelles.
C'est un plaisir de découvrir, en sa compagnie et avec son aide, l'économie de bâtiments religieux dont beaucoup ont mérité leur classement au titre des monuments historiques ou leur inscription à l'inventaire supplémentaire.
Comme le soulignait Jean Secret, dans sa courte préface, le Ribéracois est la région du Périgord où la densité en coupoles est la plus forte…et (où) elle conserve d'admirables spécimens de l'art roman.
Cette réédition, très attendue, constituera, à n'en pas douter, une puissante incitation à parcourir, entre Isle et Dronne, les chemins de la foi et à aller s'imprégner du charme
de ces vieilles églises aux douces murailles dont parlait Léon Bloy.
Christian-Alain Carcauzon
Jean Secret - Les églises du Ribéracois 204 pp nombreuses illustrations in et h.t., plans,1 carte double page Le livre d'histoire Lorisse, décembre 2003, 1ere réédition à tirage limité (300 exemplaires) - Prix 26 eus
JEAN SECRET ET LE PERIGORD
Son nom et son œuvre sont devenus indissociables du Périgord dont il devait, pendant un demi-siècle, exalter, avec talent et sensibilité, toute la richesse archéologique
C'est son mariage en 1929 avec Georgette Ribes, fille d'un imprimeur très connu de Périgueux, qui va lier indéfectiblement le Savoyard Jean Secret au Périgord. Nommé professeur de lettres au lycée de Bergerac en 1934 puis de Périgueux à la rentrée 1937 il se fait rapidement remarquer par la qualité de ses publications. Celles qui concernent plus particulièrement la Dordogne dévoilent les attraits de Bourdeilles et Brantôme et dans les pas des grands auteurs régionaux classiques et plus contemporains invitent le lecteur à de premières et agréables Promenades littéraires. Après la guerre qui lui fit subir 5 longues années de captivité il reprend ses activités d'enseignant à Périgueux jusqu'en 1964 année de sa retraite. En 1945 il devient secrétaire adjoint de la Société Historique et Archéologique du Périgord puis 5 ans plus tard vice-président. Après le décès du Dr Charles Lafon il accède, en 1967 à la présidence de la compagnie. Depuis 1950 il exerce les fonctions de conservateur des Antiquités et objets d'art de la Dordogne ; il fut aussi le conservateur des châteaux de Monbazillac et de Bourdeilles.
On lui doit de très nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer Le Périgord roman, Le Périgord à vol d'oiseau, Le Périgord en 300 images avec la collaboration de J.Lagrange, Le Périgord romantique, La Dordogne de l'Auvergne au Bordelais, Pierres dorées du Périgord noir, L'Art en Périgord et surtout l'irremplaçable Périgord châteaux manoirs et gentilhommières publié en 1966 chez Tallandier. Les éditions Lorisse viennent de rééditer, outre Les églises du Ribéracois, deux autres titres de cet auteur fécond et devenu incontournable Brântome et sa région et Vieilles demeures des environs de Périgueux
Pour Gilles Delluc qui lui succéda, après sa disparition en juin 1981 à l'age de 77 ans, Jean Secret était devenu En un demi-siècle passé en Dordogne, le plus Périgourdin des Périgourdins
Ch.C.
Chapiteaux Secret(s) à Cercles
Ancien prieuré dépendant de saint Cybard d'Angoulême, l'église de Cercles, classée Monument Historique, est certainement l'édifice religieux de fonds roman le plus intéressant de la région de La Tour Blanche. Jean Secret lui a consacré une étude de trois pages agrémentée d'un plan et d'une photographie dans ses Eglises du Ribéracois. Nous en avons extrait ces lignes qui dévoilent quelques aspects de son riche décor sculpté.
Toutes les retombées (des voûtements) se font sur des faisceaux de colonnettes, avec des chapiteaux à tailloir minuscule, et discret astragale torique. Ces chapiteaux sont finement sculptés dans une pierre à grain très fin, et dans un style qui surprend, de masques, de feuillages, de fleurons, de rosaces, de faces lunaires, d'animaux entrelacés, affrontés ou adossés, d'ornements géométriques ; l'un d'eux est sculpté de six masques souriants (Angle N.E. du croisillon N.) ; un autre est un ravissant chef- d'œuvre d'une élégance raffinée (Angle S.E. du croisillon S.) ; d'autres sont sculptés de feuilles refouillées qui évoquent la sculpture de N.D. de Paris ou de Reims. Avec M. de Verneilh ( B.S.H.A.P.) nous pensons que cet ensemble d'une trentaine de chapiteaux provient de l'extérieur ( Angoumois ?) et qu'il date du début du XIIIème siècle. …
Le portail gothique s'ouvre dans la façade occidentale ; trois arcs brisés, moulurés de tores, retombent sur des piédroits de même profil, par l'intermédiaire de six chapiteaux. Comme les chapiteaux de l'intérieur de l'église ceux-ci ne semblent pas indigènes et sont traités avec une grande virtuosité ( entrelacs, monstres, animaux affrontés). L'archivolte repose sur des masques.
Au pied du mur gouttereau septentrional, et au levant d'une agréable place ombragée dont le sépare un mur de pierre, s'étend l'ancien cimetière paroissial. Ce site qui vient de faire l'objet d'une agréable mise en valeur plonge le visiteur dans une ivresse de pérennité temporaire
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