ELLE
ELLE
ELLE est bien connu, non je ne commets pas une faute d'accord, je vous entretiens, dans cette introduction, du magazine hebdomadaire créé en novembre 1945 par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair et dont le succès ne se dément pas, bien au contraire, 64 ans plus tard.
Ce titre phare de la presse féminine tire à 435 000 exemplaires chaque semaine et ses ventes connaissent même à partir de 2202 une augmentation notable ! Depuis son lancement l'hebdomadaire a fait du chemin tout en gardant le cap fixé par sa fondatrice : « Du sérieux dans la frivolité, de l'ironie dans le grave. ».
En 1995, composé sous la houlette d'Anne-Marie Périer et de Jean-Dominique Bauby (1) qui fut longtemps le rédacteur en chef de la publication, sort, aux éditions Fillipachi, un véritable pavé destiné à célébrer le jubilé du magazine : « ELLE Nos cinquante premières années» Un coup d'œil dans le retro qui met en perspective, au travers d'articles, de chroniques, d'entretiens méticuleusement sélectionnés et surtout de photographies parfois somptueuses, tout un pan de la vie culturelle et sociale d'une France qui, a peine sortie de la guerre, s'achemine à marche forcée et au prix de véritables révolutions jusqu'à l'orée du XXIe siècle.
À cet égard le bouquiniste rédigeant son catalogue est mis en difficulté ; doit-il intégrer l'ouvrage à son fonds historique, à son fonds littérature ? N'est-il pas plutôt incité à l'accueillir parmi les livres relevant des « Beaux-Arts »? La documentation offerte à l'appétit du lecteur a tout à voir avec ces différentes catégories
En feuilletant les 463 pages de ce grand in quarto (2), dont les 5 chapitres correspondant à une décennie particulière sont, tour à tour, préfacés par Françoise Giroud, Françoise Sagan, Catherine Deneuve, Simone Veil et Inès de la Fressange, on découvre des contributions prestigieuses et d'intéressantes interviews de nombreux écrivains de l'époque écoulée : Colette, Roger Nimier, Simone de Beauvoir, Sagan, André Maurois portraiturant Benoîte et Flora Groult, Albertine Sarrazin, Marguerite Duras, Vladimir Jankélévitch, Marguerite Yourcenar…
L'hebdo s'est aussi intéressé aux futurs grands noms ou aux jeunes pousses du cinéma et de la chanson. On ne regrette pas d'assister, à la faveur de la sélection opérée pour les besoins du livre, aux débuts ou à la métamorphose des Yves Montand, Gérard Philippe, Signoret, Bardot , Jeanne Moreau, Romy, Françoise Hardy et d'Isabelle Adjani « La femme-fleur »… et on lit ou relit sans déplaisir les premiers « papiers » consacrés à Depardieu et à « Coluche Coqueluche ».
ELLE est parvenu aisément à approcher Picasso qui aimait tant les femmes. Andy Warhol, pour d'autres raisons certainement, n'a pas davantage repoussé ses journalistes !
ELLE n'a pas écarté de ses colonnes, celles du 1er septembre 1952, un premier reportage sur l'engagement et la lutte de l'abbé Pierre et, dans le droit fil de la solidarité intellectuelle (minimaliste trop souvent) récidive le 17 décembre 1979 avec « une sainte nommée Térésa ».
Compagnon de route de l'émancipation féminine ELLE n'a pas fermé les yeux sur les obstacles opposés au contrôle des naissances, n'a pas détourné son regard sur les drames de l'avortement et a rapporté, en mai 1968, l' expérience de « la crèche de la Sorbonne » occupée, tout comme les aspirations formulées lors des États généraux de la femme, tenus à Versailles en 1970 et couverts par le maître Henri Cartier-Bresson, puis les plus radicales revendications du M.L.F !
Mais ELLE c'est également la vigie de la mode, celle qui descend dans la rue après avoir défilé sur les podiums des grands couturiers que le demi-siècle aura fait surgir : Christian Dior, Balenciaga, Givenchy, Yves Saint-Laurent, Jean-Paul Gaultier, Sonia Rykiel, Lacroix ou Galiano. Ce thème donne lieu à de talentueuses prises de vues photographiques qui, le plus souvent, mettent autant sinon davantage en valeur les corps féminins que les créations dont ils sont revêtus !
« ELLE. Nos cinquante premières années » document culte a été rapidement épuisé. En 1999 une nouvelle version augmentée de cinq millésimes supplémentaires, fut proposée au public. Tout comme la précédente elle connut un succès immédiat et s'avère aujourd'hui indisponible. Un tirage supplémentaire est hors de question. L'Édition 1995 comme sa réédition ne sont plus proposées actuellement que par quelques rares libraires d'ancien et d'occasion. Nous détenons un exemplaire très frais de l'originale ; son prix, justifié par la qualité du texte et de l'illustration , est de 75€.
Ch.C le 7/6/2009
(1) Jean-Dominique Bauby, décèdé en 1997 est l'auteur du bouleversant témoignage « Le Scaphandre et le Papillon » sorti chez Robert Laffont cette même année.
(2) 27x34 et d'un poids respectable frisant les 4 Kg
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