lecornetabouquins

une existence entièrement vouée au culte des belles lettres

 

Novelliste de talent Jean-Jérôme Savaud-Bienssat, le fameux Jean-Jérôme de la littérature contemporaine, mourut à l'orée de l'année 1967 en Périgord. Ce terroir qu'il affectionna au point de lui consacrer un guide touristique, toujours apprécié et maintes fois réédité (1), fut la dernière étape de sa longue existence entièrement vouée au culte des belles lettres. Reposant depuis 40 ans dans le paisible cimetière de Jumilhac-le-Grand il n'a pas été oublié de ceux qu'il charma par ses écrits inventifs.

            Objet d'une véritable vénération ses admirateurs réunis au sein de l'association « Les amis de Jean-Jérome » s'attachent depuis sa disparition à populariser, auprès des jeunes générations, l'œuvre du grand écrivain qu'il fut.

 À la faveur d'une importante donation récente ces derniers découvrirent un court texte joint à une des centaines de lettres adressées par Jean-Jérôme à son grand ami Émile Salomon Wilhelm Herzog plus connu sous le nom d'André Maurois lequel le recevait fréquemment dans son château d'Eyssendieras, près d'Excideuil.

 Dans ce billet, titré Albert, le familier de l'auteur des silences du colonel Bramble, taquine son hôte en évoquant subrepticement leur commune origine juive qui scella une véritable fraternité de cœur et de plume. André Maurois fut d'ailleurs si affecté par le décès de Jean-Jérôme qu'il devait lui succéder dans la tombe quelques mois plus tard.

Le texte, qui de toute évidence n'était pas, en son temps, destiné à la publication, traduit éloquemment cette connivence teintée d'humour qui marqua les rapports des ces deux géants de la littérature. Les lecteurs attendent fébrilement, maintenant, la publication de l'abondante correspondance échangée durant des décennies par l'Académicien Français et le brillant novelliste. Celle-ci, augmentée d'un important appareil critique devrait sortir des presses à l'automne.

lecornetabouquins reproduit intégralement, en guise de bonnes feuilles le billet qui sera inclus dans ce considérable ouvrage à paraître à la saison des feuilles mortes, aux éditions La Daube.

 

 

(1)                 Sobrement titré Découvrir le Périgord ce livre parut en 1963 chez Gabriel Lamaury, l'éditeur de Montignac. Aujourd'hui il figure au catalogue de la maison Naufrageur 24 qui le disputa, de haute lutte mais victorieusement à l'emblématique Fend l'Axe. Ouvrage de référence on y apprend, entre autres, qu'Eugène Le Roy souffrait d'un syndrome nobiliaire et que les relations intimes de Montaigne et La Boétie n'étaient pas exclusivement sodomites ! Quant à Fénelon, Le cygne de Cambrai, l'auteur assure que ce dernier aurait été bien incapable d'inventer même la moutarde de Meaux, bref qu'il n'était point un Aigle ! Une accusation qui la fit (la moutarde) monter au nez de plus d'un !

 

 

Albert

 

 

            Il se prénommait Albert ce jeune physicien promis au plus brillant avenir. Depuis sa naissance dans l' humble foyer  d'un tailleur ashkénaze, la vie n'avait cessé de le combler de ses bienfaits.

            Engagé dans de passionnantes recherches scientifiques il sut, néanmoins, séduire une plantureuse et brune beauté qui ne tarda point à lui faire comprendre que le corps n'est pas une pure abstraction.

Il découvrit rapidement, en sa compagnie, toute la palette des plaisirs immenses procurés par le contact de deux épidermes, en cette occurrence, de sexes opposés.

L'ayant constaté… il voua à sa partenaire une passion exclusive et lui promit le mariage.

Ils scellèrent bien vite leur union sous les auspices enchantés d'un amour éternel !

Six mois plus tard son épouse le fit assassiner par un amant plus disponible.

Avant qu'il ne s'effondre, foudroyé par une balle que lui tira en plein cœur son rival, il eut le temps de s'écrier, évoquant son défunt hymen : « L'éternité est une chose toute relative ! »

Il était effectivement sur la bonne voie !

Mais, sans doute, même tout investi, comme il l'était, dans des problématiques savantes, aurait-il fallu beaucoup de temps et d'indulgence pour, qu'au bout du compte, Albert aime ces deux… là ! En dépit du coup de pouce que le couple criminel venait de lui accorder.

 

 

 

 

 

 



16/06/2007
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