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Les racines du ciel

Les racines du ciel :  Il y a 50 ans le jury du Goncourt couronnait Romain Gary pour son roman Les racines du ciel. Une substitution de millénaire plus tard ce chef-d’oeuvre, ce grand œuvre d’écologie, n’a, non seulement pas pris une ride, mais a, bien au contraire, gagné en amère densité, au grand déplaisir, sans doute, d’un aréopage d’intellectuels artificiellement modernistes comme leur prédécesseur Maurice Nadaud qui écrivait, à l’époque, dans les Lettres nouvelles, que  « si on donnait le Goncourt à ce sermon en images, à cette rhapsodie humanitaire, à cette histoire qui ferait les délices de Tintin, c'est que, place Gaillon, on n'(aurait) plus une conception très nette de la littérature. ».

 

 C’est une chose d’aimer, voire d’interpréter, Mozart, c’en est une autre d’être Mozart. Il est aisé d’appartenir à la communauté des écrivains, mais, sans doute, est-ce plus difficile d’accomplir, en actes et en littérature, son destin de visionnaire et d’éclaireur ! Les métaphoriques hannetons du Morel des Racines nous parleront longtemps encore de ce chemin sur lequel aucun homme en paix avec son semblable, humain et animal, n’aura jamais avancé. Morel s’en est allé… comme plus tard Diane Fossey, Chico Mandez, Bruno Manser et, depuis 2000, une bonne centaine de gardes du parc de Virunga aux frontières du Congo et du Rwanda, tombés sous les balles des braconniers.

            En 2050, près d’un siècle après la publication des Racines du Ciel, Michel Loreau, qui préside le programme scientifique international de biodiversité Diversitas assure que La disparition des espèces (se serait) accéléré(e). Le rythme d'extinction des vertébrés et des plantes est déjà cent fois plus important que lors des temps géologiques, il y a des dizaines de millions d'années. Cette vitesse devrait être multipliée par 100 dans les prochaines décennies, soit un rythme 10 000 fois supérieur au taux estimé comme naturel. On n’y serait, paraît-il, pas étranger, et l’universitaire canadien d’user, à son tour, de la métaphore pour conclure : L'histoire de l'humanité, c'est un peu celle du nénuphar qui se développe dans l'étang. Il commence par en occuper une fraction infime, double de taille, se multiplie jusqu'à couvrir la moitié de l'espace. À la génération suivante, il s'est répandu sur tout l'étang et ne peut plus croître. Nous avons colonisé pratiquement toute la surface de la planète. Nous arrivons à un point où il faut se poser des questions sur notre modèle de société.

            Les racines du ciel ne se reflètent plus sur l’étang : les nénuphars ont recouvert ses ondes !



16/12/2006
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